Nos
affaires sont propres, rangées dans leur carton. Seule ma vieille plume de
voyageur traîne encore sur notre table. Elle me semble triste, dépourvue de
sens. Elle qui s'est remplie des meilleures encres, qui a gratté des papiers de
tous horizons. Refaisons équipe une dernière fois. Attaquons cette ultime
feuille de papier qui nous servira de testament. Ma gorge est serrée. Je
me sens perdu, alors que je suis chez moi. « Bien sûr que cela va ! »
Mais comment expliquer l'inexplicable ? Comment répondre à ces questions de
courtoisie qui n'attendent pas forcément de réponse ? Une amie de voyage nous a
offert une pensée amérindienne. Une pensée qui nous dit qu'après un long
trajet, il faut donner du temps à l'esprit pour qu'il puisse retrouver son
corps. Faudra-t-il que l'on attende les premières neiges ou cela sera-t-il plus
long encore ? Si l'enveloppe n'a pas vraiment changé, j'ai un peu peur que la
lettre soit différente : couverte de ratures, d'annotations dans la marge et de
post-scriptum. Mais plus troublant encore, je m'inquiète de son utilité dans un
monde de courrier électronique. Il ne nous faut pas céder mais « pousser »
à l'image de ces arbres de Patagonie : avec lenteur et dans le sens du vent. Il
nous faut nous souvenir de ces petits apprentissages qu'offre le voyage. Aujourd'hui, nous le
savons ! Que nos « mondes » soient petits ou grands, ils ont des
portes. Et ces portes, qu'elles soient petites ou grandes, ne sont jamais fermées
à clé. OF 27.06.2014
Administratus helveticus
Le 17 mai 2014 annonçait bel et bien la fin de notre voyage.
Mais plus encore, il était synonyme du début d'une nouvelle aventure : celle de
la réinsertion. Loin de nous l'idée de mettre les pieds au mur. Pour être sincère,
l'envie de réintégrer l'Helvétie ne nous laissait pas de marbre. A nous les
douches chaudes, les boissons rafraîchissantes et la literie aux senteurs de
lavande ! Mais s'intégrer ne rime pas avec profiter. C'est sur les chemins de
l'investissement personnel, de la patience et de la quiétude que l'on flirte avec
ce mot. Mais l’intégration, n'est-elle pas une douce illusion qui habille à
merveille ce terme violent qu'est l'assimilation ? Soyons honnêtes, notre petit
monde helvète fonctionne. Mais à quel prix ? Et je ne vous parle pas que
d'argent. Je ne suis rien, pas même un numéro, pas même « l'ombre de ta
main, l'ombre de ton chien. » Je vous épargnerai la complainte du voyageur
traumatisé par un système trop lourd, trop intrusif, trop indifférent. Je ne vous
balancerai pas non plus, avec nonchalance, ce sac d'anecdotes douteuses que
l'on collecte aux portes de nos chères administrations. Ce monde vous le
connaissez, vous l'habitez depuis bien longtemps ! Depuis trop longtemps ? On
se construit des jardins secrets pour édulcorer cette réalité. On plante des
graines de rêve et d'évasion que l'on arrose d'espoir. Si depuis le 17 mai, je
me suis armé d'un stylo et d'un téléphone portable, j'ai également ressorti ma
panoplie de jardinier. Et c'est peut-être là que réside le meilleur de notre
société... pouvoir venir et s'en aller.OF 23.06.14
De Communal à Vevey
Le 16 au
matin, nous quittons nos compagnons. Nous sommes tout chose car ça y est, cette
fois nous pouvons le dire : demain nous arrivons à la maison. Comme s'il
fallait le mériter pleinement, la bise s'est levée avec ardeur ce matin. Est-ce
l'excitation qui nous rend imperméables à ce vent contraire et nous pousse à la
chansonnette ? Ou le fait de savoir qu'il représente l'ultime effort de notre
voyage et que nous pouvons alors tout donner ? Une fois le col de la Faucille
derrière nous, nous plongeons dans le berceau du Léman; berceau qui est le nôtre
également. Se dressent alors, sous nos yeux, les Alpes et son Mont-Blanc. Le
voyage aura sans aucun doute éveillé en moi une sensibilité pour les montagnes
enneigées. Et c'est avec ce regard nouveau que je redécouvre celles qui nous
ont entourés durant tant d'années. Une fois le soir venu débute la série des « derniers »
: dernier souper, dernière fois que nous montons la tente, que nous installons
notre couche, dernière nuit du voyage... Le lendemain, cela se poursuit avec
d'autant plus d'intensité : dernière fois que nous plions la tente, que nous équipons
nos vélos... Dans la matinée, nous entrons sur sol suisse. Il s'en est fallu de
peu pour que nous loupions la frontière car, une fois encore, le lieu est désert.
Personne pour nous dire « Bienvenue en Suisse ! » A défaut de douanier,
ce sont de petits indices qui nous ont réservé un accueil chaleureux : les
plaques d'immatriculation, l'accent vaudois… Plus nous avançons, plus
l'environnement nous devient familier. Nous reconnaissons d'abord les noms,
puis les lieux, jusqu'à pouvoir les anticiper. « Dis, ça te va si on
pique-nique dans deux kilomètres, je connais un coin sympa. » Assis sur
les quais de Morges, le tableau qui se dessine devant nous semble presque irréel.
Le lac, les cygnes, un vieux bateau de la CGN, les montagnes à l'horizon...
Alors seulement, je réalise que l'idée que de nombreuses personnes, à travers le monde,se font de la Suisse n'est pas si erronée : un petit coin de paradis privilégié.
A Rivaz, nous nous arrêtons sur la plage pour laisser passer les minutes qui
nous séparent de l'heure du rendez-vous. Quinze heures quinze, allez, on y va !
La Pichette, La Crottaz, Corseaux-plage, Nestlé... encore un virage et nous déboucherons
sur la rue que nous avons quittée il y a deux ans, un mois et onze jours. Le cœur
s'emballe. Une silhouette, puis deux, puis tout un groupe de personnes sont là
devant nous. Les larmes s'en mêlent. Familles et amis sont venus nous
accueillir. A notre départ, ils nous regardaient nous en aller ici même, le
visage tourné vers l'Est. Deux ans, un demi-tour vers l'Ouest, et nous revoilà. AG 17.05.14
De La Baneza à Communal
Notre atlas routier
nous permet d'éviter les grands axes et de profiter au mieux de l'infinie toile
espagnole. Mais quel que soit le chemin emprunté, deux questions reviennent
constamment : « Vous faites le chemin ? », « Vous cherchez le
refuge ? » Car s'il y a bien une célébrité en Espagne, c'est le chemin de
Saint-Jacques de Compostelle. Mais notre refuge à nous, bien souvent, sera la
forêt qui nous accueillera chaque fin de journée avec sa plus grande amabilité.
Entre l'Espagne et
la France, il y a les Pyrénées. Et entre les Pyrénées et les Pyrénées, il y a
Andorre. Alors après la chaîne de l’Himalaya, après la cordillère des Andes,
pourquoi franchir les Pyrénées là où elles se meurent et ne pas profiter, une
dernière fois, des lacets dansants d'un col à 2’408 mètres ? Est-ce l'expérience
acquise, l'euphorie du proche retour ou l'air revigorant d'Andorre qui nous le
fait franchir avec tant de légèreté ? Peu importe la raison, nous nous
satisfaisons du plaisir éprouvé au milieu de ces montagnes enneigées. De
l'autre côté du col d'Envalira, la France nous attend. « Bonjour, vous
pouvez passer, bonne journée ! » Nous nous regardons, Olivier et moi, et
d'un étonnement amusé nous nous disons : « Tiens, nous avons compris tout
ce que ce douanier nous a dit ! » Et soudainement, il n'y a plus que nous
au milieu d'individus anonymes. Il y a nous, et puis il y a tous ces individus
dont les bribes de conversations volées au coin d'une rue, d'un étalage ou d'un
café, nous font partager un fragment de leur vie. Et ceci, qu'on le veuille ou
non... Et ceci, pour le meilleur et pour le pire. Au détour d'une averse, nous
nous enfilons dans un café. Le lieu sent bon les croissants frais et le café
chaud. Il y a là celui qui cherche désespérément le feuillet du tiercé, que
nous échangeons contre celui de la météo, il y a celui qui boit son demi au
comptoir, puis ceux qui refont le monde autour d'une grande table. Nous voilà
bel et bien en France. Par contre, nous n'avions pas imaginé que ce pays était
tant boisé et que ce vert qui nous a si souvent manqué nous entoure durant les
quelques centaines de kilomètres qui nous amènent à la plaine du Rhône. Un détour
par le village de Roquefort et nous nous offrons une pause gastronomique et
instructive à notre régime vélo. Nous y rencontrons un ingénieur concepteur du
réseau « voies vertes » (parcours dédiés
aux vélos) qui nous donne quelques conseils sur les sentiers à emprunter. Une
petite parenthèse routière qui nous conduit sous le viaduc de Millau. Puis ce
sont les gorges du Tarn qui prennent la relève. Que la France regorge de régions
magnifiques ! Nous nous rendons compte que nous avions auparavant l’habitude de
visiter ce pays voisin avec un regard sévère. Alors qu'un même environnement, placé
dans un continent différent, nous aurait épatés. Ce sont peut-être les 33'000
km. parcourus pour atteindre ce pays qui nous fait réaliser sa beauté.
Le vélo d'Olivier a
hâte de prendre sa retraite ou du moins de se mettre en pause ; un seul plateau
reste fonctionnel et la pédale droite se fait constamment la malle. Olivier a
depuis le temps adopté des stratégies pour pallier ces boiteries. Mais après
une dizaine de kilomètres où je ne cesse de ramasser la fugitive, nous décidons
d'intervenir. Nous tombons par hasard sur l'association Eve (écomobilité et
voyage écologique), à Millau, qui offre une nouvelle pédale au vélo d'Olivier.
Quelques dizaines de kilomètres plus loin, un cliquetis se fait de plus en plus
présent. Olivier réalise alors que sa jante arrière est en train de se déformer
sérieusement au point de buter contre l’un des patins de frein à chaque tour de
roue. Nous sommes au fin fond des gorges du Tarn, la ville la plus proche est à
une cinquantaine de kilomètres. C'est quitte ou double : ou l'on continue à pédaler
avec le risque que la jante rende définitivement l'âme et que la roue ne puisse
plus tourner, ou nous jouons la carte de la sécurité et poussons le vélo. Nous
optons pour une solution intermédiaire. Nous poussons les vélos la plupart du
temps mais lorsque la pente est suffisamment forte, je monte sur le vélo
d'Olivier (question de poids) et je me laisse glisser. C'est alors que les
avantages du voyage à vélo plutôt qu'à pied s'imposent à nous. A Mende, Olivier
acquiert une nouvelle roue et nous pouvons pédaler à nouveau.
Le Rhône. Une étape
en soi qui signifie que la Suisse n'est plus loin. Nous le longeons sur
quelques kilomètres mais au lieu de prendre le chemin direct de la maison, nous
nous en écartons pour une raison bien précise. Nous allons retrouver Régine et
Michel, un couple de jeunes retraités que nous avons rencontrés en Bolivie et
qui habitent au-dessus de Champfronier. Et par un heureux hasard, nous y
retrouvons Magali et Stefan, le couple suisse que nous n'avons cessé de croiser
durant tout notre périple en Amérique du Sud. Quelles magnifiques retrouvailles
! Six cyclo-voyageurs qui discutent dans le confort d'une maison chauffée,
autour d'une table exquise... Le moment est délicieux et nous le prolongeons le
lendemain avec une randonnée au sommet du Reculet. De là, nous voyons notre
patrie... la poitrine tressaille. Demain, vendredi 16 mai, nous reprendrons
chacun notre route. Cette fois, nous connaissons le lieu où la nôtre nous mènera... AG 15.05.14
Merci les anciens
A n'en plus
douter, la chaise à bascule n'est pas l'unique moyen de locomotion de ces êtres
plus « sel » que « poivre « . Dure réalité que celle
de la vie qui, comme chacun le sait, a une fin. Encore plus dure est-elle pour
celui qui a une liste de régions à visiter plus longue que le bras d'un écartelé.
De plus, si la Faucheuse a un agenda bien rempli, jamais elle ne repousse un
rendez-vous. Alors, comment vivre avec ces faits. Comment dormir sans ressentir
le temps nous filer entre les doigts. Cette question, je me la suis posée
maintes et maintes fois, triturant l’Énigme comme un névrosé face à un Rubik’s cube. Le repos, je l'ai
trouvé auprès des aînées des routes. De ces cheveux blancs qui nous regardent
avec amour, qui lisent en nous l’espoir d'une nouvelle génération de passionnés
de la vie. Souvent plus poètes que voyageurs et parfois même musiciens, ils
m'ont appris par leur exemple que le « temps du voyage » utilise la même
partition que la vie. Et si ces « périodes » n'entament
pas le morceau au même couplet, ils le terminent ensemble. OF 12.05.14
Péninsule ibérique
Nos
premiers coups de pédales nous font longer une côte portugaise plus que déchirée.
La lutte acharnée de la mer contre la terre offre des paysages somptueux que
les surfeurs locaux s'approprient dès le lever du jour. Comme des troupeaux d'otaries, ils virevoltent dans de gracieux
ballets dont on se délecte depuis les falaises voisines. L'amabilité des Portugais
comble aisément le manque de soleil des premiers jours. Si les coups de klaxons
se font plus rares que de l'autre côté de l’Atlantique, c'est toujours avec une
grande gentillesse que l'on nous indique la route. Et là, attention de ne pas
rire. Le portugais est bien une langue remplie de « ch » avec assurément
pour plus beau mot, le « foutchebôl ». De la côte, nous gagnons l'intérieur
du pays. Un véritable délice pour les yeux et les narines. Le printemps est là
et les glycines nous le font savoir. Petits villages d’antan et maisons
flamboyantes - de ceux qui ont réussi à l'étranger - ponctuent une campagne
verdoyante. La nourriture stimule nos papilles qui avaient presque oublié le goût
du pain frais. Un fait me marque, une de ces petites choses que l'on nomme évidence :
l'eau chaude. Douches, stations service, campings, toilettes publiques, pas un
robinet ne fait défaut. Cette chaleur sur notre peau est un délice que l'on
n'arrive pas à écourter. « Encore juste une minute ! » Après le pays
de Diego Suarez, c'est celui d'adoption de Cristóbal
Colón que nous découvrons. La
couleur est annoncée : camping sauvage interdit et port du casque à vélo
obligatoire. Pour le camping, on la jouera « pas vu, pas pris ». Pour
le casque, nous plaiderons l'impossibilité d'en acheter un vu le grand nombre
de jours fériés que compte la semaine sainte. Ceci dit, en dernier recours, je
n'hésiterai pas à utiliser notre arme secrète : le sourire d'Aline. OF 20.04.2014
26 lettres pour voyager
Amour, c’est peut-être la plus belle
raison de voyager. A la question « Pourquoi pars-tu ? », il existe
mille et une réponses. A celle « Pourquoi ne rentres-tu pas ? », il
n’en existe qu'une : l'amour du voyage. Le voyageur au long cours le
sait : le voyage est une sirène enchanteresse et séduisante. Difficile
donc de résister à son chant, de ne pas répondre à son appel. Le flirt n'est guère
possible avec le voyage. Aidé du temps, il fait tomber les masques que l'on se
réserve. Se duper est donc inutile. Le voyage est une femme de caractère que
l'on aime ou que l'on quitte.
Biscuits, aliments de base du cavalier à
deux roues. Pratique, peu cher et vendu aux quatre coins du globe, le biscuit
est aux cyclo-voyageurs ce que la croquette est aux canidés. Parlant de quadrupèdes,
j'ai parfois bien cru à des erreurs de packaging. Si l'emballage fait partie
des traîtres, le biscuit, lui, est fidèle. Europe, Asie, Amérique latine, on le
trouve partout et c'est bien ce qui fait défaut au pain. Le bilan est donc
clair : sur cette planète on se fait plus facilement des « cobiscuits »
que des copains.
Cornet pipi, voilà assurément l'objet le plus
hétéroclite que l'on trimbale dans nos sacoches. Cela ne s'achète pas mais
s'invente un jour de pluie. « Il pleut, il pleut bergère, rentre tes
blancs moutons... » Conseil des plus avisés ! Un expert n'aurait pas mieux dit
! Mais la chanson ne nous dit pas ce que font ces blancs moutons lorsque
l'envie de se soulager les prend. On imagine ! Difficile de confondre une tente
avec une bergerie. On ne peut donc uriner à l'intérieur. Et pourquoi pas ? Un
sac plastique comme toilettes et un deuxième pour transporter le premier. Le
cornet pipi est inventé. Et pour ceux que cela pourrait dégoûter, sachez qu'on
a le même depuis la Suisse !
Douche, passage obligé de la journée,
moment désiré de la semaine. La douche fait partie, lorsque l'on voyage, de ces
« communs » qui deviennent des « tant attendus ». Elle a
cette petite chose en plus qui fait briller les yeux du cyclo-voyageur. Une
douche et nous voilà dix ans plus jeunes. Une douche et voilà notre peau d'éléphant
troquée contre celle d'un nouveau-né. Si on oublie vite que l'on a pris une
douche, on remarque par contre quand on n'en a plus pris depuis longtemps. La
moiteur de l'entre-jambe, le cuir chevelu qui démange, cette peau qui semble
humide depuis toujours. L'entourage le sait aussi mais rares sont les
remarques. Les « mal-douchés », il y en a partout le long des
routes. L'eau chaude, un mythe ou une douce illusion que le temps estompe trop
rapidement. Il faut s'y faire ! La douche en voyage est rarement un moment
de détente, mais reste toujours un plaisir.
Eau, peut-être le mot que le
cyclo-voyageur connaît dans le plus grand nombre de langues : eau, agua, water,
ujë, wasser, води, 水,물,
voda, νερό, acqua, su... Les alchimistes
l'avaient placé dans leur quatuor de base. Elle est au cœur de tout voyage. On
la consomme, on l'admire, on l'écoute, on la savoure, on l'utilise, on l'apprécie,
on l'achète, on la reçoit, on l'offre, on l'attend, on l'emporte, on la
partage, on la cherche, on la trouve, on la purifie, on la bout, on la chante,
on la bénit, on l'adore, on la souhaite, on l'espère, on l'aime, on l'agrémente,
on la met en bouteille, on l'explore, on la parcourt, on la transforme, on en rêve,
on en salive, on en redemande... Mais avant tout, on se doit de la respecter.
Une planète bleue qui n'a plus de larmes ou quand mettre de l'eau dans son vin
ne sera plus une métaphore, mais un luxe qu'on ne pourra plus s'offrir.
Fatigue… ou quand l'envie de dormir
surpasse celle d'écrire...
Grand, un détail de taille lorsque l'on
emprunte les routes de notre planète. Satisfait de mes 184 cm, je relativise
suivant la latitude. Il est incontestable qu'avec une taille pareille, je peux
m'inscrire à n'importe quel casting pour la prochaine version de Blanche-Neige
et les sept nains, en terre nord-américaine. Et ce ne sera pas la place du
prince charmant que je peux espérer obtenir. Par contre, une fois en Asie ou en
Amérique latine, ce sont les plus « grands » rôles qui m'attendent.
Goliath, dans le remake du « Premier Testament », le Cyclope dans la
nouvelle version de « L'Odysée », le rôle du condamné à mort, dans la
version asiatique de « La ligne verte ». Mais attention, si faire la
star sur ces continents peut sembler chose aisée, elle comporte quelques
risques. Très vite, vous tutoierez les traverses de cadre de porte, la
charpente des maisons et les plafonds des toilettes. Vous pourrez également
vous gratter pour trouver des chaussures pointure quarante-quatre, un lit à
votre mesure ou une place confortable dans un bus long-courrier.
Horizon, dès les premiers jours tu étais
là. Comme un animal craintif, tu t'adaptes au terrain. Tu te trouves loin au
fond des plaines. Tu te rapproches en montagne. Tu te caches dans le
brouillard. Chaque matin nous nous levons dans l'espoir de te rejoindre. Nous
forçons sur nos montures pour te voir disparaître dans la douceur de la nuit.
Armés de notre courage, nous te traquons au-delà des mers, te traçons au-delà
de nos peines. Aujourd'hui, nous le savons, nous sommes devenus des chasseurs
d'horizon.
Insectes, six pattes, deux paires d'ailes,
un corps en trois parties... et cent mille enquiquinements. L'insecte fait
partie intégrante du voyage. Pour le meilleur et pour le pire, comme le veut la
formule. L'insecte est partout : tente, sacs de couchage, « sacoche
nourriture », vélos, habits, cheveux... Il est passé maître dans l'art de
coloniser le matériel du cyclo-voyageur tout comme le cyclo-voyageur lui-même.
Vampirisé, suçoté, habité, le « mal-douché » est un véritable
garde-manger pour ces petites bêtes opportunistes, un luxueux palace au prix
symbolique. Il faut s'y faire... ou il faut se les faire ! Pas d'échappatoire
possible. Soit on s'arme de patience, soit on s’arme tout court... Casquette,
bouquin ou à main nue, rien n'échappe à ce sanglant et inégal combat, à deux
contre mille.
J'arrête quand je veux ! Une
promesse plus facile à tenir pour un fumeur que pour un cyclo-voyageur.
Kiwi, un mot simple et amusant. Un mot
auquel nous associons tous une image, donnons une définition. Pour certains,
cela sera un fruit mûr mélangeant l'acidité au sucré. Pour d'autres, un
maladroit volatile au bec sans fin. Certains y verront peut-être même un peuple
vibrant au rythme du rugby. Plus j'y pense et plus j'y crois, la vie est un kiwi
que le voyage aide à comprendre. Un joyau qui se conjugue non pas au singulier,
mais au pluriel.
Lune. La Juliette de Shakespeare
voyait en cet astre une inconstante que l'on ne peut comparer à l'amour. Moi,
j'y vois un pilier fort qui relie le voyageur à ceux qu'il aime. Cette pensée,
je la dois à ma maman qui, habituée à me voir partir, m'a dit un jour : « Le
soir, si tu regardes la lune, je saurai que l'on contemple la même chose au même
moment. Et cela me donnera l'impression que tu es un peu moins loin de
moi. » Aujourd'hui, je me surprends parfois à errer sur la planète de
Pierrot, à observer ce grand lapin, le coeur serré. La lune me rappelle que des
gens m'aiment et attendent mon retour. La lune est et restera mon plus grand
soleil.
Mail, quelques clics et nous voilà
informés. Déclarations d'impôts, naissances, petits bonjours ou véritables
romans, la communication n'a plus de frontière. Le temps s'efface devant le maître
mail. Je me souviens d'une lettre écrite par l'un des deux hommes qui a conquis
l'Annapurna en 1950. Un écrit qui relatait leur aventure et l'insolite voyage
d'un de leurs porteurs, qui avait été envoyé à la poste de Delhi pour
s'informer d'un éventuel courrier. Proche de Katmandou, il lui avait fallu
parcourir des centaines de kilomètres pour une hypothétique lettre. Bip : « Vous
avez un nouveau message ». Mail, forum, réseaux sociaux, GPS, carte de crédit,
smartphone, ordinateur portable, altimètre, station météo de poche, panneau
solaire. Les années ont passé et la façon de voyager s'est modifiée.
Voyage-t-on mieux aujourd'hui ? Je manque de recul pour statuer.
Naufrage. Il n'y a pas qu'en mer que l'on
peut faire naufrage. Le voyage compte aussi son lot de naufragés. Je ne sais
trop pourquoi mais il arrive que l'on se perde sur les sentiers du monde. Errer
est le terme. Aller de l'avant sans plus savoir pourquoi. S'arrêter dans un
village et ne plus en repartir. S'il n'y a pas vraiment de lieu propre au
naufrage du voyageur, certains sont tout de même reconnus pour être de véritables
« Cap Horn ». L'Inde en est le maître, pays où des dizaines et des
dizaines de voyageurs déambulent sans le sou, ayant laissé leur identité au
coin d'une rue. Le temps a perdu sa mesure et les questions n'ont plus de sens.
Plus vraiment des voyageurs et assurément pas des autochtones, ils flottent
entre deux mondes, comme des âmes en peine.
Oui, c'est la réponse que je
donnerais à Aline si elle me demandait de repartir avec elle faire « le
Tour ».
Pont : « Ouvrage par lequel une
voie de circulation, un aqueduc, une conduite franchit un cours d'eau, un bras
de mer, une dépression ou une voie de circulation. » (Larousse). Ces édifices sont bien plus, pour
le cyclo-voyageur, que de simples voies de circulation. Ils sont comme l'oasis
pour le bédouin, sécurisants et réconfortants en même temps. Qu'importe leur
taille ! Par beau temps, ils se transforment en parasol, offrant cette
ombre si rare quand l'Astre est au zénith. Par temps pluvieux, ils deviennent
toits. Oh ! comme il est agréable de savoir que l'on pourra cuisiner et
dormir là où la pluie ne peut aller. Le pont est protecteur. Il nous cache,
nous dissimule des regards indiscrets. Quand le camping sauvage est interdit ou
que la région semble peu sûre, le pont nous protège comme la poule le ferait
avec ses poussins. Le pont peut également être lieu de mort. Grand nombre
d'animaux viennent y terminer leur vie. Mais il est aussi lieu de vie, où
poissons, batraciens et oiseaux aiment à se prélasser à l'ombre de ce géant de
pierre et d'acier.
Questionnement, un état que le « noir ou
blanc » satisfait rarement. Un chemin qui, en s'explorant, s'étale tel un
delta. La simplification est rarement une réponse mais un bouchon gardant précieusement
l'ivresse du savoir. Pourquoi certains se perdent-ils dans ce labyrinthe
fractal alors que d'autres n'en connaissent pas l'existence ? Y a-t-il une
sortie ou le jeu consiste-t-il simplement à parcourir ses entrailles avec, qui
sait, deux ou trois jardins pour s'y reposer ?
Réparation. « Qui veut aller loin ménage
sa monture. » Qui va loin doit savoir la réparer ! L'usure du temps
ne se lit pas seulement sur le visage de celui qui voyage ; il s'observe également
sur son équipement. Ce n'est pas le nombre d'accrocs qui fait le voyageur mais
le nombre de tacons. Ce n'est pas le nombre de pièces neuves qui fait le
cyclo-voyageur mais la couleur de ses mains. Un proverbe bouddhiste dit : « S'il
n'y a pas de solution, c'est qu'il n'y a pas de problème. » Un outil
essentiel pour le voyageur au long cours. Un outil que l'on retrouve dans
toutes les « trousses » de ceux qui croient en eux.
Sourire. Le cyclo-voyageur transporte une
multitude de clés dans ses sacoches : une clé à molette, une clé de 5, de 12,
de 13 et de 14, deux clés de cadenas, des clés imbus et pour certains, quelques
clés USB. Elles peuvent toutes se prêter, se donner ou se perdre et n'ont que
peu d’impact sur le cours d'un voyage. Il y a une clé que l'on reçoit à la
naissance, une clé unique qui nous rend beau, qui nous rend bon. Cette dernière
ouvre plus de portes qu'un voleur ne peut en fracturer. Elle s'offre sans
raison et contente petits et grands. Cette clé est le sourire qui accompagne à
merveille la clé des champs.
Temps, voyage, petite parenthèse dans
ce monde qui en demande tant et qui en donne si peu. Ce tableau est-il vraiment
la réalité ou seulement celle que l'on se peint jour après jour. Le temps est
en soi une chose bien simple mais sa gestion semble si compliquée. Avoir du
temps est un luxe, ne pas en avoir fait sérieux, en avoir trop rend marginal.
Mais avoir du temps, n'est-ce pas simplement une question de choix ? Des choix
qui nous mènent vers l'être ou l'avoir ?
Une carte postale. Singulier objet
qui rassure, paradoxe à deux faces. J'ai reçu une carte postale, j'ai donc un
ami. J'ai envoyé une carte postale, j'ai donc un ami... enfin, je crois. Il est
tellement plaisant de découvrir cette petite touche de couleur en relevant son
courrier. Mais tellement astreignant de s’atteler à sa rédaction. Notre bonheur
est-il plus important que celui des autres ? C'est pourtant cela recevoir une
carte postale. Soixante secondes de plaisir pour dix minutes de calvaire. Nous,
nous y avons trouvé une toute autre utilité. Faire découvrir notre pays aux
personnes que l’on croise. « Une image vaut mieux qu'un beau
discours. » Des images,
on en a plein : Château de Chillon, ville de Vevey, vignoble de Lavaux, glacier
d'Aletsch, bateau de la CGN, Dents du Midi... Petits ambassadeurs à deux roues,
nous faisons découvrir la neige aux habitants des déserts, les châteaux à ceux
qui n'ont jamais vu de maisons en pierre. Les questions fusent et divergent
mais à chaque fois les sourires naissent et les yeux brillent. Et ça, sans même
les écrire.
Vevey, nid d’où nous avons pris notre
envol pour une destination incertaine. Première d'une liste plus longue que le
nombre de jours qu'il y a dans deux années. Les villes, à l'image de l'homme,
sont uniques. Véritables joyaux ou taudis nauséabonds, les villes ne nous ont
jamais laissés indifférents. Peurs, rires, larmes, elles sont créatrices de
sentiments que le temps transforme. Oasis ou passage obligé, nos sourires se
dessinent tantôt à l'entrée, tantôt à la sortie de ces agglomérations.
Certaines sont de véritables trésors, d'autres ne sont pour nous que des « banques »
où l'on se réapprovisionne. Sans ville, notre voyage ne serait possible. Et
c'est d'une manière bien ingrate que nous les considérons. La ville transforme
les hommes, leur donnant un sentiment de force, d'invulnérabilité, une bêtise
que n'égale que l'oubli de Celle qui nous a tous vu grandir.
WC, ou l'endroit idéal pour vous
parler de la petite commission. Un sujet souvent étalé sur le papier mais
rarement à l'aide d'une plume. Un acte d'une telle singularité que l'on n'ose
en parler. Tabous, tout à l’égout. Loin du qu’en-dira-t-on, c'est sans gant que
j'attaque le morceau. Le roi est comme l'étron, il se pose sur le trône. Si
tout le monde sait ce qu'est un roi, peu d'entre nous ont déjà « bûché »
sur un trône. C'est que cette chose qui nous est si naturelle est loin d'être
universelle. Intimité, papier et silence, le trio gagnant pour qui veut se
soulager. Un trio malmené pour qui veut voyager. Je pourrais vous parler de ces
Boliviennes qui se soulagent sans même relever leur robe. Je pourrais vous
parler de ces Indiennes qui nous font voir la lune au milieu du jour. Je
pourrais vous parler de ces milliers d'hommes et de femmes qui s'essuient avec
la main. Je pourrais vous parler de ces petits culs blancs qui s'enferment dans
des pièces, s'efforçant de ne faire aucun bruit et aimant bouquiner une fois
les intestins purgés. Je pourrais vous parler... mais excusez ! Là, il me
faut y aller.
X est égal à... Le voyage est
semblable à X. Un éternel inconnu que l'on cherche à comprendre. La formule
peut varier mais semble toujours assez simple au départ. On la travaille et on
la retravaille. Plus on avance et plus de facteurs entrent en ligne de compte.
On s'obstine, on simplifie, on fractionne. De quelques caractères, on arrive à
une page entière. Si le voyage est semblable à X, il ne se calcule par contre
pas. Il se vit et c'est peut-être dans ses inconnues que l'on y trouve nos réponses.
Yeti, un rêve d'enfant. Un abominable
homme des neiges qui m'ouvrit les portes du questionnement. Est-il possible
que... Par manque de connaissance et parfois de temps, le « non » revenait
souvent en réponse. Mais le savoir, n'est-il pas comme le monde, rempli de
chemins ? Chemins qu'il faut emprunter soi-même pour y découvrir la vérité.
Aujourd'hui, je le sais. Le yeti existe ! Peut-être sur les pans enneigés
de l'Himalaya, assurément dans les croyances de ces peuples qui tutoient les étoiles.
Zorro en castillan, renard en français.
Vivant entre piste et asphalte, nous avons rapidement compris que le goupil,
ainsi que ses frères à poils, à plumes et à écailles, feraient partie de notre
voyage. Jamais hostiles, souvent curieux. Nous avons fait de ces scènes
quotidiennes de véritables instants de bonheur. Qu'il pleuve ou qu'il vente,
nous ne pouvons nous lasser de ces petits moments que la nature nous offre.
Ballets de dauphins joueurs, envol d'un papillon azur, regard béat d'un
dromadaire, lenteur du pas de l'éléphant... Comment ne pas succomber ?
Mais surtout, comment le faire connaître, le partager, pour qu'il ne
disparaisse, emporté dans la frénésie humaine.OF 19.04.14
De Ushuaia à La Baneza
Une heure trente du matin, dans une
auberge, sur le canapé du réfectoire. Le bruit du frigo qui vient de se mettre
en marche me paraît être un doux ronronnement à côté de celui qui règne dans le
dortoir. Je suis venue ici demander asile dans l'espoir que ce lieu soit plus propice
au sommeil. Ce dernier tardant toujours à venir, je prends la plume.
Décidément, la vie est pleine de
surprises. Nous voilà en Europe et cette vérité demeure. Nous pensions retrouver
avec ce continent une certaine austérité, cheminer sur un tracé aussi bien rôdé
que le réseau routier. Mais c'est avec régal que nous vivons chaque journée car
nous savons qu'elle peut à chaque instant nous offrir l'impensable, ici aussi.
Le 2 avril, nous débarquons à
Lisbonne. Nous y sommes accueillis par Daniela et Tiago, contactés par le biais
de warmshower. La trentaine également,
ils prévoient à leur tour de partir l'année prochaine pour un grand voyage. Ils
nous offrent un atterrissage tout en douceur sur le vieux continent et nous
prouvent que l'hospitalité n'est pas chasse gardée de l'Asie.
De la capitale, nous pensions pédaler
jusqu'à Porto, mais notre route est attirée par un lieu plus à l'est, un lieu
qui se nomme São Joaninho de Santa Comba Dão. Un échange de mails avec la
Suisse et c'est le Portugal qui nous ouvre ses portes. Le Portugal, en la
personne de Maria, la maman d’une amie. Elle nous accueille chez elle comme si
elle nous y attendait depuis toujours. Elle parle portugais, je parle espagnol,
quelques mots français glissent par-ci par-là, le corps complète la
conversation et l'essentiel est dit. Le souper ressemble à un repas de fête, en
compagnie de l'un des fils de Maria, de sa famille et d’une voisine parlant
français. Le lendemain, nous vivons pleinement la douceur d'une journée de
printemps dans ce petit village portugais.
Au nord de Bragance, seuls un panneau
routier et le changement de langue nous confirment que nous venons d'entrer
dans un nouveau pays. Cette simplicité en est presque décevante. A Puebla de
Sanabria, nous envisageons un camping pour des questions...d'hygiène. Trop cher
à notre goût, nous poursuivons. C'est alors qu'un cyclo-voyageur venant en sens
inverse nous arrête.
« Eh ! Je vous reconnais !
Je vous ai vu sur Internet !
- Euh… et bien... peut-être
faites-vous erreur ?
- Non non, je me rappelle très précisément
ta tête, dit-il en me désignant. J'ai très envie de parler avec vous, allez, je
vous invite au camping ! Et la tournée de bières est pour moi ! »
Nous faisons alors la connaissance de
David, un Espagnol de quarante-sept ans, qui rêve de faire lui aussi un « Grand
Tour » et qui, pour l'heure, rentre de Hollande où il a acheté son vélo.
Il est avide d'expériences et d'avis sur les obstacles qu'il perçoit à la réalisation
de son rêve, comme les visas, la sécurité et
son âge. Le lendemain matin, avant de se quitter, il nous dit : « Peut-être
ne vais-je pas tout de suite rentrer à la maison, poursuivre encore un peu mon
voyage et qui sait... »
En remontant mon vélo à l'aéroport de
Lisbonne, j'ai modifié légèrement la position de ma selle. Deux semaines plus
tard, des lancées aiguës traversent mon genou gauche à chaque coup de pédale.
Je repositionne ma selle comme auparavant et les douleurs disparaissent. En
deux ans, mon corps s'est adapté à une position et tout changement rompt l'équilibre.
Ceci est l'histoire d'un genou. Mais qu'en sera-t-il de nous-mêmes lorsque ce
sera notre quotidien qu'il va falloir modifier ?
A La Bañeza, en milieu d'après-midi,
je m'arrête pour regarder la carte. Une voiture ralentit, un homme me
demande : « Vous cherchez le refuge ? » « Non, non. »
Quelques mètres plus loin, une femme nous arrête carrément :
« Vous avez mangé?
- ...
- Il y a un repas organisé par l'église
au coin de la rue : riz, bacalao,
oranges et biscuits. C'est offert et c'est pour tout le monde. Ensuite, le
refuge est par là.
- Le refuge...
- Le refuge des pèlerins de
Compostelle, évidemment !
- Ah oui, évidemment ! »
Et la dame nous indique le chemin.
Parfois, il y a des signes qui ne trompent pas. Je fais tout d'abord la queue
avec ma gamelle dans l'enceinte d'une église où règne une bonne humeur
bruyante. Un entretien avec le père responsable du lieu et nous obtenons
l'autorisation de nous rendre au refuge bien que nous n'ayons pas le carnet du
pèlerin.
Et
c'est ainsi que nous nous retrouvons dans cette auberge en compagnie de trois
autres voyageurs. Alors nous plongeons, le temps d'un instant, dans l'univers
de ce célèbre pèlerinage. AG 17.04.04
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