De Communal à Vevey

Le 16 au matin, nous quittons nos compagnons. Nous sommes tout chose car ça y est, cette fois nous pouvons le dire : demain nous arrivons à la maison. Comme s'il fallait le mériter pleinement, la bise s'est levée avec ardeur ce matin. Est-ce l'excitation qui nous rend imperméables à ce vent contraire et nous pousse à la chansonnette ? Ou le fait de savoir qu'il représente l'ultime effort de notre voyage et que nous pouvons alors tout donner ? Une fois le col de la Faucille derrière nous, nous plongeons dans le berceau du Léman; berceau qui est le nôtre également. Se dressent alors, sous nos yeux, les Alpes et son Mont-Blanc. Le voyage aura sans aucun doute éveillé en moi une sensibilité pour les montagnes enneigées. Et c'est avec ce regard nouveau que je redécouvre celles qui nous ont entourés durant tant d'années. Une fois le soir venu débute la série des « derniers » : dernier souper, dernière fois que nous montons la tente, que nous installons notre couche, dernière nuit du voyage... Le lendemain, cela se poursuit avec d'autant plus d'intensité : dernière fois que nous plions la tente, que nous équipons nos vélos... Dans la matinée, nous entrons sur sol suisse. Il s'en est fallu de peu pour que nous loupions la frontière car, une fois encore, le lieu est désert. Personne pour nous dire « Bienvenue en Suisse ! » A défaut de douanier, ce sont de petits indices qui nous ont réservé un accueil chaleureux : les plaques d'immatriculation, l'accent vaudois… Plus nous avançons, plus l'environnement nous devient familier. Nous reconnaissons d'abord les noms, puis les lieux, jusqu'à pouvoir les anticiper. « Dis, ça te va si on pique-nique dans deux kilomètres, je connais un coin sympa. » Assis sur les quais de Morges, le tableau qui se dessine devant nous semble presque irréel. Le lac, les cygnes, un vieux bateau de la CGN, les montagnes à l'horizon... Alors seulement, je réalise que l'idée que de nombreuses personnes, à travers le monde,se font de la Suisse n'est pas si erronée : un petit coin de paradis privilégié. A Rivaz, nous nous arrêtons sur la plage pour laisser passer les minutes qui nous séparent de l'heure du rendez-vous. Quinze heures quinze, allez, on y va ! La Pichette, La Crottaz, Corseaux-plage, Nestlé... encore un virage et nous déboucherons sur la rue que nous avons quittée il y a deux ans, un mois et onze jours. Le cœur s'emballe. Une silhouette, puis deux, puis tout un groupe de personnes sont là devant nous. Les larmes s'en mêlent. Familles et amis sont venus nous accueillir. A notre départ, ils nous regardaient nous en aller ici même, le visage tourné vers l'Est. Deux ans, un demi-tour vers l'Ouest, et nous revoilà. AG 17.05.14

1 commentaire:

  1. Bienvenue en Suisse! :-D
    Pour nous non plus, personne pour nous la souhaiter lors du passage de la frontière. Faut dire que c'était l'heure de l'apéro.
    On se rencontrera peut-être bientôt! On l'espère en tout cas.

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